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Andrew
Ma tête me brûlait, la migraine cognant derrière mon front comme le son d'un glas que l'on aurait oublié de ne pas sonner.
Parce qu'Elena avait voulu s'assurer que je ne recommencerai pas à m'échapper mentalement, ne serait-ce que le temps d'une conversation. Je ne sais pas exactement ce qu'elle a fait, mais j'avais vraiment l'impression qu'elle a griffé mon cerveau.
Enfin. Pour l'heure elle m'a enfermé, seul, dans la voiture, le temps qu'elle boive quelque chose de chaud. Je ne veux même pas savoir ce qu'elle fait, mais à peine a-t-elle été partie que j'ai appelé Riley.
Enfin, j'ai essayé.
Pendant environ cinq minutes.
Et puis j'ai sombré dans un sommeil comateux.
Même dans mes rêves, je me sens suivi et traqué. Comme si elle avait déposé une présence dans mon esprit. Le visage de Riley apparaît et se dérobe, tantôt souriant, tantôt grimaçant -je n'avais pas remarqué cette petite marque sur son cou...
Des silhouettes volent, fantomatiques, autour de moi. Une main délicate se tend et saisit la mienne, et je l'entraîne dans une valse. Pourtant tout est flou, indescriptible et les parties lumineuses des vêtements chatoyants qui tournent autour de nous brillent, leur lumière s'évaporant doucement, suivant leurs mouvements sur fond noir d'encre.
J'entraîne ma partenaire en dehors de la salle de bal. Impossible en revanche, d'entendre la conversation que nous avons, les sons sont déformés, faibles et distants. Elle me sourit. Elle a une petite marque rosée dans le cou... Soudain une femme vient interrompre ce moment. Elle la ramène dans la salle de bal et je suis.
Pourquoi Elena fuit-elle cette fille ? Je suis sûr que notre départ précipité est dû à la présence de Riley. En aurait-elle peur ? Se sentirait-elle menacée par sa présence ? De toutes façons, Riley ne pourrait rien faire contre Elena. Elle n'en ferait qu'une bouchée. Je passe le doigt sur les tatouages qui entourent mes poignets.
Comme d'habitude...
C'est étrange. Elena conduit sans rien me dire, elle qui aime bien m'accabler de reproches et autres joyeusetés, elle ne dit rien, les mains tellement serrées sur le volant que ses articulations, blanches, en deviennent exsangues. Elle a dépassé la limite de vitesse, très largement, en fait elle va deux fois plus vite que ce qui est autorisé.
Je lui jette des regardes en coin, les mains serrées entre mes genoux. Ses lèvres sont pincées, ses yeux plissés et une lueur que je n'y ai jamais vu y brille. A croire qu'elle est vraiment terrifiée.
Plus le temps passe et moins ce comprends où va Elena. Elle a déjà fait cinq demi-tours, tourné dans des directions aléatoires autant de fois ; et elle vient de s'arrêter prendre un café. J'en profite pour essayer de reprendre contact avec Riley...
Riley ?
Andrew ?
Je n'ai pas beaucoup de temps.
Où es-tu ?
J'en sais rien... Je crois que t'as fait peur à ma « sœur ».
Comment ça ?
Euh...
Riley
Je crois que t'as fait peur à ma sœur.
En entendant ça, j'eus un fou rire. Cette femme avait l'air tellement... comment dire ? Inhumaine ? Insensible ? Comment imaginer que moi, petite personne sans conséquence, aie pu lui faire peur ?
Comment ça ?
Euh...
Moi ce que je crois c'est qu'elle a peur de notre capacité à avoir des conversations Skype sans Skype, sans Internet et sans ordinateur oui !
Ah, et j'ai oublié : tu étais censée ne pas t'en souvenir...
Comment ça ?
Je sais pas si t'as remarqué, mais si tu parles de moi à quelqu'un il va te regarder bizarrement et décider que tu as de la fièvre.
Ah, oui... mais...
Attends elle revient, peux plus parler.
Petit silence.
Bip.
Je souris en entendant ce bip. Puis je fondis en larmes...
Cette idée de ne pas savoir où était Andrew, couplée à mon rêve, dans lequel -j'avais beau essayer de me souvenir, mais il n'avait pas ces tatouages aux poignets... ces tatouages qui n'en étaient pas d'ailleurs, d'après ce que j'avais compris. Ils constituaient le sceau qui pliait Andrew/Henry à sa sœur... machine ? Je décidai que « machine » lui allait très bien comme nom. Ce serait parfait.
Cette pensée me fit sourire. Je regardai de nouveau la tache rosée dans le miroir.
C'était vrai qu'elle n'était pas si moche...
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Riley
La nuit a fini par tomber plus rapidement que je le pensais, sans que je n’ai de nouvelles d’Andrew depuis notre brève conversation télépathique. Je ne pouvais pas m’empêcher de m’inquiéter, si bien que je n’ai presque rien mangé au diner. Mes parents m’ont regardé étrangement, surtout ma mère depuis ma crise de nerf, mais j’ai préféré les ignorer. Ils ne pourraient pas comprendre, ils me prendraient pour une folle, et je n’étais pas certaine de saisir moi-même ce qu’il se passait. Je le connaissais à peine, cet étrange garçon avec ses cheveux aussi sombres qu’un espace sans lumière et ses yeux aussi flamboyants que des flammes ardentes, et pourtant, un lien indescriptible semblaient nous relier. J’ignorais ce qui me faisait le plus peur : ce fil invisible entre nous deux, cet étrange Ombré ou sa sœur qui ne l’était pas vraiment. Pourquoi m’inquiétais-je tant alors que je ne savais strictement rien de lui ? Pourquoi tout me semblait à la fois si étrange, mais paradoxalement si normal ?
Mes idées étaient embrouillées, même ma douche bien chaude du soir ne put rien faire contre cela. Mes doigts s’entrelacèrent entre mes cheveux châtains humides pour les ramener vers l’arrière, tandis que j’observai mon reflet dans le miroir de la salle de bain. J’étais la fille la plus banale du monde, qui menait l’existence la plus tranquille qui soit. Lorsque je fixais mon image, je ne voyais qu’une personne qui se fondait parfaitement dans la masse. Je n’avais rien qui me distinguait des autres, à part peut-être une tâche de naissance au creux de mon cou dont je faisais tout pour la dissimuler derrière du fond de teint, un foulard ou une écharpe. J’avais l’impression d’avoir en permanence un suçon et cela me gênait, même si cela était stupide. Je passai légèrement ma main dessus, et je soupirai. Mon seul signe distinctif était hideux.
Après m’être rapidement séchés les cheveux, j’enfilais un débardeur noir et un pantalon de pyjama bleu à carreaux, avant de me faufiler sous ma couette. Me repliant dans une position fœtale pour m’enrouler au mieux dedans, je tentais de lancer un regard au travers des rideaux qui couvraient ma fenêtre. Je voulais apercevoir les étoiles, mais la chose était difficile à cause des lumières de la ville. J’aimais observer ces astres, me rappelant l’immensité de l’univers. Alors que d’autres trouvaient cela effrayant de se sentir aussi minuscule, moi, cela m’apaisait. Pour moi, cette grandiose inconnue était un objet de fascination et un monde de tous les possibles. Personne n’avait encore pu percer tous ses mystères, et c’était plus passionnant qu’un polar. J’étais une amoureuse des mystères, et c’était sans doute pour cela qu’Andrew m’attirait tellement. A lui tout seul, il était comme l’univers.
Est-ce qu’il pensait à moi ? Est-ce qu’il se demandait comment j’allais, comme moi qui me posais des questions à son sujet ? Je l’ignorais, mais j’aimerai bien. Cela signifierait que j’occuperais une petite place dans ses pensées, et cela me réconforterait. Peut-être chercherait-
il à me revoir, à saisir l’opportunité que sa sœur n’ait pas réussi à détruire notre étrange connexion pour se rapprocher de moi. Je ricanais alors toute seule dans mon lit, réalisant que j’étais réellement une fille plus que banale, espérant naïvement avoir attiré l’attention du garçon sur lequel elle a instantanément flashé. Moi qui me moquais allégrement ce genre de filles au lycée, j’ignorais si je devais dorénavant rire ou pleurer. Finalement, je fermais les yeux, et je me plongeais dans mes songes, priant secrètement être attirée dans l’Ombré pour retrouver cela qui paraissait être une évidence.
Une jeune femme entra dans ce qui semblait être un palais. Entourée de sa dame de compagnie et de sa mère, elle savait qu’elle ne pourrait échapper à leur attentive surveillance. Cachant son agacement, elle se concentra sur son avancée dans les couloirs jusqu’à la salle de réception, ainsi que sur sa respiration rendue difficile par un corset bien trop serré mais qui mettait sa taille et sa poitrine généreuse en valeur. Sa robe était imposante, mais ses tons bleutés et ses détails dorés autour du décolleté et des hanches sublimaient son teint et son corps. Des boucles brunes encadraient parfaitement son visage fin, et ses yeux noisette pourraient envoûter n’importe qui sans le moindre effort. Sans le moindre doute possible, elle serait certainement la plus belle femme de la soirée. Cela n’était pas pour lui déplaire, si seulement elle ne serait pas si surveillée.
En haut des marches qui menaient vers l’immense salle de bal où étaient déjà réuni une multitude d’invités de haut rang et vêtus de leur plus beaux habits de fête, un homme annonça leur arrivé. Il parla d’abord de sa mère, puis d’elle et enfin de sa dame de compagnie. Elles descendirent ensuite les escaliers sans oublier de faire une élégante révérence comme l’exigeait l’étiquette. Tous les regards étaient sur elles, et elles se devaient de s’en montrer dignes. Avoir l’air aimable était primordiale, surtout en sachant que sa mère souhait profiter de cette occasion exceptionnelle pour lui trouver un bon parti, sans lui demander son avis. Elle essayait de ne pas y penser, d’oublier qu’elle ne partageait absolument pas ses aspirations. Mais elle savait pertinemment que, peu importe son avis, sa mère voulait juste profiter de la beauté exceptionnelle de sa fille pour augmenter son statut social. Soit, elle fera bien ce qu’il lui plaira.
Ce qui ne l’empêcha pas de lui fausser compagnie à la première occasion, pour s’éloigner d’elle et déambuler au milieu d’autres invités, loin de sa génitrice et de sa dame de compagnie.
-Mademoiselle. L’interpella galamment une voix sauve et masculine.
La jeune femme se retourna alors, et découvrit devant un homme à peine plus âgé qu’elle et assurément charmant. Il était grand, plus grand qu’elle, ses cheveux aile-de-corbeau étaient parfaitement coiffés en arrière, ses yeux intensément mordoré étaient étincelant de malice et il était impeccablement habillé. Tous les regards étaient tournés vers lui, montrant bien l’importance qu’il possédait dans l’assistance. Mais son regard n’était dirigé que vers la jeune femme, qui s’inclina devant lui sans cacher un léger sourire.
-Me feriez-vous l’honneur de m’accorder cette première danse ? L’interrogea-t-il sur le même ton tout en s’approchant d’elle comme s’il connaissait déjà la réponse.
Elle lui sourit et accepta. Tandis qu’il passa sa main droite derrière la taille de la demoiselle, cette dernière osa un regard en direction de sa mère qui la scrutait avec méfiance. Puis, ses yeux noisette se plongèrent dans le regard de braise de son cavalier, et elle se laissa guider par cet homme qui l’attirait comme un aimant. Il l’entraina dans une danse, suivant le rythme de la musique joué par l’orchestre, et ils virevoltèrent rapidement au milieu des prestigieux invités qui ne ratèrent pas une seconde de cette étrange rencontre. Mais les deux danseurs les ignorèrent, emportés dans une bulle musicale où ils n’étaient plus que deux. Se perdant dans le regard de l’autre, leurs gestes, leurs pas, se suivirent dans une parfaite osmose comme s’ils avaient répété pendant des heures. Le temps s’était suspendu, et des liens invisibles se tissaient doucement, sûrement, entre eux. La musique s’arrêta, la danse aussi. Les deux partenaires s’éloignèrent, s’inclinèrent devant l’autre. Les observateurs applaudirent, avant que d’autres couples viennent se joindre à eux pour entamer une nouvelle danse, non sans quelques murmures commentant la scène incroyablement magique qui s’était déroulée devant leurs yeux ébahis. Ils reprirent une nouvelle danse, se laissant allégrement bercer par la mélodie, se perdant dans le regard de l’autre. Tout n’était qu’évidence et tous deux oublièrent les projets prévus déjà pour eux. Profitant de la fête et de la foule de danseurs, le jeune homme s’empara délicatement de la main de sa partenaire pour l’inviter à s’éclipser de la salle en toute discrétion, accédant ainsi aux jardins du palais, pour une tranquille balade nocturne. Les minutes passèrent, sans qu’aucun mot ne soit prononcé entre eux, comme s’ils n’avaient pas leur place, perdant toute utilité et signification. Le silence de la nuit leur était suffisant.
-Je suis obligé de remarquer que votre chaperon est d’une efficacité à toute épreuve. Murmura soudainement le jeune homme après avoir risqué un regard en arrière pour constater qu’ils étaient suivis.
-Nous ne pouvons lui en vouloir, Messire. Elle ne cherche qu’à s’assurer que vous ne portiez pas atteinte à ma vertu. Souffla-t-elle, non sans laisser échapper un léger sourire amusé.
-Loin de moi cette idée. Mon respect envers vous est bien trop grand pour que je ne songe seulement à vous déshonorer.
-Voilà qui est bien honorable, cher Prince. Lui répondit-elle sans perdre son sourire, admirant la vue sur la mer au détour d’une allée fleurie.
Le Prince se tourna subitement vers la jeune femme, profitant du clair de lune pour admirer son doux visage. Il en caressa délicatement les contours du bout des doigts, flirtant non sans malice avec la décence, avant de s’arrêter sur une tâche rosée au creux de son cou.
-Je constate que vous avez encore une fois omis de dissimuler votre marque de naissance, Mademoiselle.
-Madame ma mère ne cesse les supplications pour que je la dissimule. Mais il ne s’agit que d’une chose vaine. Contrairement à ce qu’elle s’évertue à penser, je considère qu’il s’agit avant tout d’un atout plein de charmes.
-Je ne pourrai vous contredire, Mademoiselle de Moonwick. Il serait fort regrettable de la dissimuler. Cette marque n’est qu’un appel à l’amour, et ne me donne que l’envie de vous voler un baiser un peu trop audacieux et indécent étant donné nos statuts respectifs.
Le sourire de la jeune femme ne se fit que plus malicieux, où elle oublia un instant la présence de sa dame de compagnie qui n’allait certainement pas apprécier son audace. S’approchant doucement du Prince qui ne bougea pas d’un iota, figé par la curiosité, elle se mit gracieusement sur la pointe des pieds, les mains derrière son dos, pour lui susurrer au creux de l’oreille :
-Je consentirais à vous offrir un baiser le jour où vous consentiriez à m’appeler par mon prénom, mon cher Henry.
Et avant qu’elle n’eut le temps de s’éloigner du jeune homme, sa dame de compagnie déboula tel un diable hors de sa boite, et la pria vigoureusement de bien vouloir retourner dans la salle de bal. Sachant qu’il était inutile d’argumenter avec son interlocutrice, elle ne rechigna pas à lui obéir, suivit docilement par le Prince qui ne pouvait tolérer une seule seconde laisser deux femmes marcher seules dans les jardins. Il ne s’agissait là que d’un prétexte pour continuer un jeu de regards avec l’élue de son cœur, mais personne ne fut dupe, au grand damne de la dame de compagnie qui ne savait plus quoi faire pour gérer sa protégée qui ne cessait de lui filer entre les doigts.
Une fois à l’intérieur, Henry fut en un clin d’œil suffisamment proche de sa douce pour lui murmurer à son tour :
-Un jour viendra où vous ne pourrez plus vous passez de moi, Gabrielle.
A l’entente de ces quelques mots volés à la vigilance de la dame de compagnie, la jeune femme tourna sa tête vers le miroir accroché au mur, découvrant son visage souriant, ainsi que l’expression narquoise de son soupirant.
Je me réveillai en sursaut, haletante, déboussolée. J’allumai aussitôt ma lampe de chevet et mon regard parcourut chaque recoin de ma chambre encore envahie de cartons de déménagement. Je pris ma tête entre mes mains, essayant de calmer les battements de mon cœur suite à ce rêve aussi étrange qu’il semblait réel. Mes membres tremblaient de nervosité, et je ne parvins bientôt plus à tenir en place. Je fis voler ma couette, pour courir jusqu’à la salle de bain. Dès la lumière allumée, je scrutai fébrilement mon visage, et en particulier ma tâche de naissance. J’ouvris le robinet d’eau froide afin de me rafraichir et me remettre les idées en place. Lorsque mon regard croisa une nouvelle fois mon reflet, mon cœur soumis à la panique, l’évidence me frappa.
Gabrielle, c’était moi.
Et Henry… n’était autre que Andrew.
Félicitation pour ce nouveau chapitre qui nous offre de nouvelles possibilités assez sympathiques. Pour la suite je confie le chapitre 6 à ...Choco-Angel (c'est la dernière ensuite on repasse à quelqu'un qui la déjà fait). Si vous n'êtes pas disponible merci de me le dire en mp.
Bisous
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Je tiens à présenter mes plus plates condoléances aux familles des victimes des récents attentats de Paris ! Nous resterons debout sans jamais avoir peur !
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Riley
« Andrew ? Andrew ? »
Je tombai à genoux, face au terrain vide. Je n’arrivais pas à en croire mes yeux. Hier à peine, se tenait une énorme maison, aussi grande que la mienne, ainsi que son jardin, son potager et sa cabane à outil… Tout avait disparu, il ne restait que des mauvaises herbes qui poussaient n’importe comment de tous les côtés. Des mauvaises herbes, et ce panneau.
Terrain vide
A vendre depuis le 10/06/2003
J’essayai lentement de me relever, en prenant appui sur le sol. Les jambes flageolantes, je retournai chez moi. Je me dirigeai tout de suite vers le salon où j’avais laissé ma mère en sortant.
* Maman… ?
Ma voix tremblait et je me tus aussitôt. Je me raclai la gorge pour essayer de me reprendre.
* Où sont passés les voisins ?
* Les voisins ?
* Oui, tu sais, le jeune homme et sa… sœur ?
Ma mère releva la tête de son ouvrage et mit ses lunettes sur la tête pour pouvoir m’observer. Cela faisait des années qu’elle avait décidé de travailler à la maison. C’était une couturière hors pair qui n’avait des clients seulement grâce au bouche à oreille.
Ma mère fronça les sourcils, je devais avoir un air totalement bouleversé.
* Qu’est-ce que tu racontes ? fit-elle doucement, comme si elle ne voulait pas me brusquer.
Quand ça me frappa. Elle n’avait aucune idée de qui je pouvais bien parler. C’était nos voisins, mais elle ne se souvenait pas d’eux.
Je fis un pas vers le canapé pour pouvoir me tenir à quelque chose et ne pas m’effondrer. Je me raclai encore une fois la gorge.
* J’ai vu des gens visiter le terrain en face. Un garçon et sa sœur. Je pensais que tu les avais peut être aperçus.
Je ne savais pas mentir. Et à la façon dont ma mère me regarder, je voyais bien qu’elle ne me croyait pas. Cependant, elle ne dit rien. Peut-être parce que si elle faisait une remarque, cela signifiait que je n’allais pas bien. Que je devenais complètement malade.
Parce que c’était de ça qu’on parlait. J’avais imaginé une maison. Un garçon qui se faisait maltraiter par sa grande sœur. Que je pouvais discuter avec lui par télépathie.
Et puis, l’Ombrée.
Pourtant, tout avait tellement de détails et Andrew, même une fois métamorphosé avec ses ailes noires semblait si réel.
Je montai précipitamment dans ma chambre. Je crois que ma mère a essayé de m’arrêter en m’appelant, mais c’est à peine si je m’en apercevais.
Je me jetai sur mon lit et lançai un dernière appelle mentale à Andrew. A ce garçon imaginaire. Je ne pus m’empêcher de pense que ce serait en vain.
Andrew
« Andrew ! Andrew ! »
Je me figeai entendant une voix crier mon prénom. Je regardai au dehors, mais non, c’était bien dans ma tête que ça avait résonné.
* Qu’est-ce qu’il y a ? s’exclama Elena, ‘‘ma sœur’’. C’est cette fille ? Elle te parle encore ?
* Non ! Non ! Ce n’est pas elle ! répliquai-je aussitôt. Comment ça pourrait être possible vu que tu lui as fait je ne sais quoi dans le cerveau pour que justement, ça devienne impossible ?
Elle me jeta un regard septique avant de tourner ses yeux sur la route. On était parti ce matin même. Bien sûr, Elena m’avait forcé, parce que moi, je voulais rester.
Je ne sais pas comment elle a fait, mais elle était au courant pour Riley et son passage dans l’Ombrée. Elle savait que je l’avais emmenée avec moi et qu’un lien s’était créé entre nous.
Et elle avait réussi à briser cela.
Encore une fois, je ne sais pas vraiment comment parce que je n’ai pas les mêmes capacités qu’elle. Elena peut manipuler l’esprit des gens pour leur faire croire et voir certaines choses. C’était ce qu’elle avait avec Riley et sa famille. C’est ce qu’elle avait fait avec toutes les personnes de la ville qui auraient été susceptibles de nous apercevoir.
Elena leur avait fait oublier notre existence et fait disparaître notre maison.
Cependant, elle avait une autre emprise sur moi : elle pouvait me faire faire tout ce qu’elle voulait. Ainsi, je m’étais retrouvé à remplir la voiture de tous nos cartons contre mon grès.
On avait quitté la ville et personne ne s’en apercevrait.
Personnellement, ça ne m’aurait pas gêné si elle avait fait sa crise quelques jours plutôt. Sauf que depuis j’avais rencontré Riley. En fait, c’était bête de penser ça parce que je savais très bien que c’était à cause d’elle qu’Elena avait voulu partir.
Parce que Riley connaissait mon secret. Car elle avait découvert l’Ombrée.
C’est simple : Elena avait pris peur. Et je lui en voulais.
Elle pouvait peut être me faire faire n’importe quoi, je pouvais toujours me plaindre. Et alors qu’elle démarrait la voiture, j’avais commencé à m’énerver contre elle.
J’étais encore en train de parler lorsque j’avais entendu Riley crier mon prénom, me coupant dans ma phrase.
Mais pourtant, c’était impossible. Elena avait tout fait pour que ça ne se reproduise plus.
J’entendais des voix, c’était la seule explication. En quelques heures, je m’étais tellement habitué à l’avoir dans ma tête que je m’imaginais qu’elle m’appelait encore. Je devenais fou.
* C’est bon ? Tu n’as plus rien à dire ? reprit Elena.
J’étais tellement secoué par ce qu’il venait d’arriver que j’en avais perdu toute ma colère. Cependant, j’avais une fierté et je ne voulais pas abandonner aussi facilement.
C’est Riley qui me sauva.
« Andrew ? Andrew, s’il-te-plait, réponds-moi. »
Après ce deuxième appelle, je n’avais plus de doute.
* Si, répondis-je à Elena, je veux aller aux toilettes.
* Tu te moques de moi, là ?
* Nan, c’est sérieux. Arrêtes-toi dans une station-service, faut que j’aille aux toilettes.
* Tu peux pas faire ça sur le bas-côté ?
* Avec toi pour me regarder ?
* Qu’est-ce que tu crois que je vais te faire ? Je suis ta ‘‘sœur’’ tout de même !
Elle avait ponctué cette dernière phrase d’un sourire qui me fit froid dans le dos.
* Je veux aller aux toilettes dans une station-service, répète-je.
Elle soupira :
* Mais c’est juste pour que t’arrêtes de me faire chier.
Je me tournai vers ma fenêtre pour pouvoir sourire sans qu’elle ne me voit. On roula un long moment en silence avant de trouver une station-service. La route avait été plutôt déserte tout ce temps-là.
* Je te laisse y aller, déclara Elena une fois qu’on fut devant, mais fais vite.
Elle ne me faisait pas confiance. C’est juste qu’elle pouvait m’obliger à revenir.
Je me dépêchai de sortir de la voiture avant qu’elle ne change d’avis. Le gars qui tenait la station m’indiqua tout de suite la bonne porte et je m’enfermai à l’intérieur. Puis je baissai le battant de la cuvette et m’assis dessus.
Je me préparai alors à parler à Riley. Je ne voulais pas le faire devant Elena car elle aurait tout de suite comprit que le lien n’avait pas été rompu.
« Riley ? Tu m’entends ? Réponds-moi.
« Oh mon Dieu ! Andrew ! Alors tu n’es pas un rêve ! »
J’eu un rire charmeur qu’elle ne put entendre.
« Eh non ! J’existe belle et bien !
« Andrew, tu ne vas jamais croire ce qui m’est arrivé ! »
Elle ne me laissa pas le temps de lancer quelques suppositions.
« T’as maison a disparu et mes parents ont oublié jusqu’à ton existence ! J’ai cru que je devenais folle.
« Moi aussi. »
J’ai cru que je ne pourrais plus jamais te revoir ce qui m’a déchiré le cœur et puis j’ai cru devenir fou en entendant ta voix de partout.
Je me demandai si on pouvait percevoir les sentiments de l’autre à travers une discussion télépathique. Je me souvenais alors que je saisissais très bien la panique et le soulagement dans les propos de Riley tandis que je reprenais contacte avec elle. Cette dernière arrêta le cours de mes pensées en me demandant :
« Andrew, ou es-tu ?
« Ma… sœur et moi avons quitté la ville.
« Pour aller où ?
« Je ne sais pas encore. »
Quelqu’un tapa alors sur la porte des WC en me faisant sursauter : j’étais trop pris dans la conversation mentale.
* Andrew ? C’est Elena. Qu’est-ce que tu fais ? Je t’avais dit de faire vite !
* Je sors.
« Désolé Riley, il faut que j’y aille. Je ne peux pas te parler devant ma sœur, elle se rendra compte que notre connexion est toujours présente. »
En même temps que j’expliquais tout cela à Riley, j’avais lentement relevé le battant pour ne pas faire de bruit et tirer la chasse d’eau.
« D’accord, Andrew. »
Je déverrouillai loquet et mis une main sur la poignée.
« Et Andrew ?
« Mm ?
« Promets-moi d’être prudent. »
J’ouvris la porte en découvrant Elena sur le seuil. Elle avait les poings posés sur ses hanches et affichait un air sévère.
Je déglutis.
« Bip. »
Félicitation pour ce chapitre ! L'histoire avance bien ! Le prochain chapitre sera pour Estello ! Bonne chance.
Je tiens à présenter mes plus plates condoléances aux familles des victimes des récents attentats de Paris ! Nous resterons debout sans jamais avoir peur !
5 commentaires -
Et si je ne l'avais pas rencontré... Si ce garçon n'avais pas hacker ce site... Rien n'aurai changé?
Je suis un addict des jeux. Matin, midi et soir, mon monde monde tourne autour des jeux vidéos. Je suis un humain ultra connecté. A l'aube de mes 20 ans, je vis toujours chez ma mère. Elle ne m'a jamais viré, elle aurait elle aurait peut-être dû.
Un jour, une femme est venue chez nous sans que je puisse voir son visage. Je me souviens seulement de son ton, faussement mielleux. J'aurai peut-être dû lui dire que c'était une arnaque, que cette "assistante de vie" n'allait lui apporter que des emmerdes. Mais je suis resté dans ma chambre, en me disant qu'au fond de moi ce n'était pas grave. Et puis, elle est restée de moins en moins à la maison. Elle semblait épuisée dans sa manière de parler, son tic de ne pas toujours finir ses phrases. Pourtant, elle restait la même, elle continuer de pleurer bêtement devant les comédies romantiques et elle continuait de sortir se promener les jours de pluie.
Et un jour, un jour de pluie, elle est sortie se promener. Elle n'est pas rentré ce jour là, ni le jour suivant, ni celui d'après. Et au bout du troisième jours, je reçu sur mon téléphone un message d'un numéro inconnu disant : " Je t'aime, adieu." Sur le coup, ça m'a fait rire car j'ai pensé à une farce d'un de mes amis gamers.
Après 5 jours d'absences, je suis sorti de l'appartement pour la première fois depuis deux ans. J'ai croisé des voisins sur le pallier, je ne me suis pas arrêter mais j'ai quand même entendu leur conversation. Ils parlaient d'un accident, que quelqu'un serait tombé du toit et serait mort. Comme tout, je n'y fis guerre attention. Une fois ma tâche terminé, je repartis dans l'appartement avec l'espoir de pouvoir enfin jouer mais dès que je franchis la porte, le téléphone sonna. C'était le notaire et il me parla pendant plus d'une heure avant que je ne puisse réaliser ce qu'il me disait. Ma mère était morte, elle s'était suicider. D'après lui, elle m'avait légué l'appartement plus tout ses dettes. Des dettes ? Depuis quand avait-elle des dettes ? D'un coup, la réalité me frappa en plein visage. Je me senti tout petit et d'un égoïsme monstre. C'est à ce moment là que je suis tombé en dépression. Et qu'est ce que j'ai fait ? Je me suis remis à jouer.
Sur mon jeux, quelqu'un me demanda comment je pouvais faire pour être si fort. Il m'a demandait si j'étais un hacker. Je lui ai répondu que non, mais que je pourrai bien le devenir.
J'ai d'abord détruit informatiquement la société qui avait tué ma mère, puis j'ai renfloué mes propres caisses en piratant des comptes bancaires bien fournis. Tel un Robin des Bois moderne qui garderait l'argent des riches pour lui. Et c'est là que je me suis fait chopé. L’État m'accusait d'avoir volé, chose qui n'était pas fausse, mais mon avocat était compétent et très onéreux. A la fin de l'audience, les journalistes me sautèrent dessus tel des requins à la recherche d'informations croustillantes. Heureusement que j'ai appris deux trois trucs avec les jeux vidéo, dont l'une est de savoir facilement me cacher.
Je viens d'une famille assez aisée et je n'ai jamais manqué de rien. Aujourd'hui je me demande ce que je fais là. J'ai du ma à me convaincre que je viens ici pour comprendre ce garçon. En effet j'ai vu sa photo et j'y ai lu une profonde tristesse. J'ai toujours eu une sorte de "don". Je peux lire les expressions faciales des gens. Je les comprends. Alors quand j'ai vu sa souffrance, j'ai décidé de lui parler après l'audience. Je ne peux pas me permettre de le laisser seul avec tous ces sentiments.
Je me suis donc intégrer furtivement au groupe de journaliste mais ils me distancèrent rapidement. Je me suis donc arrêter quelques instants pour reprendre mon souffle et à une dizaine de mètre de moi, je vois le jeune hacker (enfin jeune, il a le même âge que moi) sortir d'un placard à balai. Je ne me pose pas trop de questions et je pars à sa poursuite. Comment un gamer peut-il courir aussi vite ? Je l'attrape par le bras mais il se dégage violemment. Il me lance un regard plein de haine, regard qui s'adoucit quand il croise le mien.
"J'aimerais vous aider !" Lançais-je.
"Pas besoin d'aide" Répondit-il violemment.
"Je sais que c'est faux"
Je suis assez timide donc lui dire ça avait été très dur pour moi. Il ne me répondit pas, il me tendit simplement un bout de papier où il avait inscrit : " RDV dans 2h sur Méga-Game.fr".
Le prochain chapitre sera pour OceanehpBonne chance !
Sinon quelqu'un a t-il des nouvelle de Maddison Smith ? Impossible d'aller sur son profil
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