• Riley :

    Je suis normale, complètement normale. Mes cheveux sont marrons, comme mes yeux. Je ne suis pas considérée comme un modèle de beauté mais ma mère me dit sans cesse que je suis « charmante ». Je n’aime pas cette expression, c’est comme dire que j’aurai pu être belle, que ce n’est pas passé loin. J’ai 16 ans et j’habite dans la ville de BellCross. Ma vie est banale. J’ai un petit groupe d’amis dans mon petit lycée, je vis dans une petite maison en plein milieu de ma ville. Tout cela me va très bien.Mon prénom est Riley et il est aussi simple que moi.

     

    Andrew :

    Je ne suis pas la personne que vous voudriez avoir pour gendre, ça c'est sur! Je suis... Comment dire? Oui, je suis terrifiant. Mes cheveux sont noirs et mes yeux flamboient. Je suis plutôt asocial et je me moque des règles et des lois. C'est surement la raison pour laquelle j’attire les filles bizarres, celles qui recherchent des relations dangereuses. Je portes de nombreux tatouages, dont deux en forme de bracelet aux poignets. A part ça, ma vie est fatigante, je vis avec une femme qui se fait passer pour ma sœur. Elle se sert de moi comme d'un esclave. Je la hais du plus profond de mon cœur. Si je pouvais lui faire du mal, c'est sur que je le ferai. Mon prénom est Andrew.

     

     

    Riley :

     Un jour ma grand-mère est morte, sans prévenir. En plus, les médecins n'ont pas étaient capable de nous dire qu'est ce qui l'avait emporté.  Cela faisait plusieurs années que je ne l'avait pas vu, mais quand on appris son décès nos plus vieux souvenirs d'elle refirent surface, comme cette vieille maison dans laquelle j'ai passé mon enfance. La tristesse d'avoir perdu une femme aussi gentille et le regret de ne pas être allé la voir plus souvent. Toutes ces émotions se mirent à nous ronger. Lors de la lecture du testament, nous furent très surpris de découvrirent que la maison nous revenait.  Mes parents ont tous de suite décidé de la vendre. Nous avons donc laissé notre petite vie pour monter dans notre petite voiture. Nous avons quitté notre petite ville pour partir remettre cet héritage en état de vente. C'est peut être un détail, mais la veille du départ j'ai rêvé qu'un homme juste devant moi, déchirait la réalité.

     

    Andrew:

    Je ne suis pas normal, je peux déchirer le réalité, c'est comme ça. Derrière ce voile que j'ai franchit de nombreuses fois pour échapper à ma tortionnaire, se trouve un monde assez... merveilleux. Un monde où je suis le seul Maître.  Et malheureusement, le fait de pouvoir enfin contrôler quelque chose m'a fait perdre de vue ma propre réalité. Quand je passe dans cet endroit, les ailes du diable ornent mon dos, ma peau devient noire et mes bracelets d'encre s'étalent sur tout mon corps. Je devient un monstre des ténèbres profonds.

     

    Riley :

      Quand nous sommes arrivés, notre voisine temporaire nous attendait. Elle était grande, mince et elle avait l'air sûre d'elle. Sur le coup, sans raisons, elle ne m'a pas plu. Je ne sais vraiment pas pourquoi. Puis j'ai vu leur maison, l'exact copie de la notre. Mais je ne me suis arrêter que quelques instants sur ce pavillon de banlieue, Mon regard s'arrêta net. Et évidement, ce fut sur un garçon. Notre "voisine " nous présenta son frère, d'après elle, il s'appelait Andrew  et toujours d'après elle, il n'était pas très sociable.

    Non, continue te t'arrête pas! Je t'interdis de rester figé. Trop tard... Je le regarde et il me regarde. Pendant quelques instants, on est là, juste nous deux. Tout est flou près nous. Mais ce moment de bonheur est vite coupé par cette chère voisine qui dit au revoir à mes parents. L'inconnu repart alors sans que j'ai pus lui parler. Je finis donc par me faire une raison et le reste de la journée se passe sans que je recroise ce magnifique visage.

     

    Andrew:

     A la tombée de la nuit, ma "sœur" a fait le geste de trop. Elle me frappe sans que je puisse contre-attaquer. J'enrage! Impossible qu'elle soit si cruelle! Je sort en trombe de la maison et je me dirige dans le jardin. Je dois me rendre dans l’Ombré. C'est le seul endroit où je peux décompresser, le seul endroit où je peux faire souffrir autre chose que moi. Sur la pelouse, je sors mon poignard rituel. Sous la clarté de la Lune, les petites pierres précieuses rouges luisent comme la Lune elle-même. Tant pis si mes nouveaux voisins me voient, je trouverais une solution le moment venu. En quelques instant le voile de la réalité se brise et l'air frais de mon monde est projeté sur mon visage. Tout aurai été parfait si le silence était resté le silencieux. Malheureusement, un cri brisa cette harmonie parfaite. En me retournant je vis cette fille que j'avais croisée le matin même. Cette fille, propre sur elle, bien coiffé, bien habillé. Elle me dévisage avec de grands yeux ronds de l'autre côté de la barrière. Merde! Deux choix s'offre à moi: La tuer ( évidement c'est pas la meilleur, je l'avoue) ou alors l'amener dans l'Ombré. Soit elle raconterait tout à ces proches ce qu'elle a vue cela qui pourrait la faire passé pour une folle. Soit, mon apparence démoniaque lui ferait tellement peur qu'elle en perdrait sa langue.

     

    Riley :

    Ce mec! Il vient de réaliser le rêve! Serait-se une prémonition? Non, c'est stupide. Le fait est, qu'il s'approche de plus en plus. Il saute par dessus la barrière puis il me prend par le bras sans ménagement. Je ne résiste pas, il agit sur moi comme un aimant. Il m'attire. La déchirure se rapproche et un éclair jaillit de là où je suis. Je peux voir une grande plaine verdoyante. L'air frais envahit mes vêtements.

     

    Andrew :

    Ça y est nous sommes dans l'Ombré! Le seul problème c'est qu'à ce moment, mon corps devrait être en train de se métamorphoser. Des ailes devraient déchiraient mon dos, des cornes devraient poussées de mon front. Cette fille, elle me regarde avec un regard plein d'incompréhension. Ce serait elle? Elle qui me maintient sous cette forme? Peut importe, elle m'attire, comme un aimant. Mon corps bouge tout seul et ma main prend la sienne. C'est à ce moment là qu'une décharge parcouru nos deux corps. Une connexion venait d'être créée.

     

    Je confis le deuxième chapitre à Chiki le kiri.

     

    P.S: excusez moi pour le retard, comme je l'ai dit dans le vlog n°3, j'ai eu quelques soucis. J'en profite pour vous poser une question: Avez-vous déjà eu des problème avec le logiciel Tulbar ( qui est un virus ) si oui, comment vous en êtes vous sortis?

     

     


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  • Andrew 

      

    Le ciel est bleu. Tellement bleu.... 

    Tellement bleu. Alors qu'il est habituellement noir et sombre, la lumière du Soleil de l'Ombré barrée par des nuages opaques, lourds de pluie et d'éclairs. 

    Elle est à mes côtés. Cette fille inconnue, celle qui vient d'arriver. Celle que je viens d'emmener par réflexe dans mon monde, celui que j'avais créé pour échapper à ma souffrance, la transmettre à autre chose... 

    Qu'est-ce qu'il se passe ? 

    Cette voix dans ma tête, ce n'est pas la mienne. J'entends des pensées qui ne sont pas à moi... 

    Des pensées nouvelles, futiles. Une grimace se dessine sur ma figure, alors que l'herbe verte craque sous mes pieds. J'avance sans savoir vraiment où je vais, l'Ombré vient de me clore ses possibilité et ses horizons en me refusant mes ailes... Je contemple sans trop d'espoir les tatouages sur mes poignets, clés de mon tourment. C'est cette femme qui me les a gravés, je peux encore ressentir la douleur, la sensation du fer rouge sur ma chair. 

    Alors que je m'abîme dans les souvenirs de ma vie de souffrance, un son me ramène à la réalité. 

    Elle vient de me poser une question. Je lui demande de répéter. 

    -Qui es-tu ? 

    -On m'appelle Andrew. 

    -Qu'est-ce... où on est, là ? 

    -Nous sommes dans l'Ombré. 

    Elle me regarde sans comprendre. Je lui explique : 

    -C'est mon monde.... Il me permet de lui échapper. 

    Je suis surpris de sentir une pointe de fierté percer dans ma voix. 

    -A qui ? A ta sœur ? 

    -Ce n'est pas... vraiment... elle n'est pas ma sœur. 

    Elle se tait quelques instants, regarde autour d'elle l'herbe en cristal vert sapin, vert d'eau, citron, toutes ces nuances de vert qui jouent selon les rayons de l'astre blanc. Le ciel bleu stabilo ; les plaques de terre pourpre, elle regarde tout ce qui s'étend autour d'elle. Une moue plisse son visage. 

    Je finis par rompre le silence, gêné. 

    -Ce n'est pas comme ça, d'habitude... 

    Alors qu'elle ouvre la bouche, sûrement pour me demander comment est l'Ombré habituellement, un picotement parcourt mes bras des poignets aux coudes. 

    L'encre commence à se répandre sur ma peau. 

    Et soudain, l'horreur me frappe : il n'y a aucun être vivant à part elle et moi dans l'Ombré. Pourtant quand je serai sous cette forme, je détruirai tout ce qu'il m'entoure... 

    Une pensée pointe dans mon cerveau choqué, je ne veux pas lui faire de mal... Je marmonne entre mes dents en prenant ma tête entre mes mains alors que je sens déjà les muscles de mes ailes se former et onduler le long de mon dos, elles vont bientôt déchirer ma peau pour se déployer. 

    -Cours. 

      

    Riley 

    -Quoi ?! 

    -COURS ! 

    Sans réfléchir, je lui obéis et m'éloigne. Je ne peux pas m'empêcher de me retourner, ses yeux rouges comme du sang me fixent, l'air éperdu. Une ombre s'étend autour de lui, et des nuages commencent à arriver des quatre coins de l'horizon. Je pars en arrière, perds une de mes ballerines dans l'herbe minérale. Les brins qui se brisent sous mes pieds craquent et me blessent, j'entends un bruit de déchirure suivi d'un terrible grondement. 

    Je jette un œil par dessus mon épaule pour voir le garçon s'envoler, l'ombre que j'avais vue, c'était ces quatre ailes noires, immenses et couvertes de sang. Son sang. Le mien laisse une piste tellement visible qu'elle en crève les yeux, au désespoir, je cherche où me cacher... 

    Peine perdue. La plaine est nue. Complètement vide. 

    Alors je cours, je cours sans savoir vraiment pourquoi, mais l'instinct me hurle et je sais, avec cette certitude sourde si propre aux instants de terreur, que c'est pour ma vie que je dois fuir... 

    Je trébuche sur rien et je tombe... 

    Je regarde au-dessus de moi et je vois sa grande silhouette de papillon émacié qui se découpe contre le ciel anthracite, et qui commence à fondre sur moi. Sa peau est d'un noir d'encre, deux grandes cornes ont percé son front, et je ne peux m'empêcher de noter que ses yeux rouges se sont agrandis et que la soif de sang y brille, comme un brasier éternel. 

    Les larmes perlent et coulent sur mes joues, je lève les bras pour me protéger, c'est fini. J'ai conscience que c'est fini, que sa souffrance qui brillait dans son regard va rejaillir sur moi à présent, par ces dents pointues, ces ongles qui ressemblent à des griffes, cette folie qui hurle dans son cœur. 

    C'est fini... 

    C'est fini... 

      

    Le sol tremble. Une fine poussière vole dans un rayon de Soleil qui perce l'épaisse couche de nuages, faisant luire une infime portion de prairie. 

    Il y a une tranchée profonde creusée dans la terre sombre. Il est roulé en boule au bout de la tranchée, derrière un tas de terre, des éclats de cristal plantés dans tout le corps. Il respire par à-coups saccadés, une de ses ailes est tordue et déchirée. J'entends un grognement grave, dans lequel je crois discerner des paroles... 

    Je m'approche en boitant, mon pied ensanglanté a du mal à soutenir mon poids. Je me laisse tomber à ses côtés, faisant voler l'herbe en éclat. Refusant ce que me dit mon instinct -de m'enfuir à toutes jambes- je pose doucement une main sur son épaule. 

    Il se tourne vers moi en souriant d'un air tordu. Une de ses cornes est brisée et dégouline d'un ichor noir et écœurant, l'odeur est infecte. Ses dents pointues ne s'emboîtent pas très bien, et son nez a l'air cassé... 

    Je ne peux pas m'empêcher de lui demander : 

    -Euh... ça va ? 

    -Je veux pas te faire du mal. C... c'était difficile... Mais j'ai réussi, non ? 

    Il ouvre sa main griffue et laisse tomber ma ballerine, qu'il avait ramassée. 

      

    Andrew 

    Elle éclate de rire. C'est un son si doux, si frais, ce rire, alors que je viens de lâcher sa ballerine en toile pleine de sang et de terre ; que je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire à mon tour. 

    Je suis ensanglanté, une douleur lancinante traverse mon aile d'en bas à droite, des éclats d'herbe sont fichés un peu partout dans ma peau et je suis presque aveuglé par l'ichor qui coule de ma corne, mais je me sens merveilleusement bien. 

    J'ai compris que si ma « soeur » me laissait aller dans l'Ombré c'était uniquement pour que je ne me rebelle pas contre elle, mais maintenant que j'ai emmené cette fille, j'ai l'espoir d'arriver à briser sa volonté et de faire disparaître les tatouages, marques de mon esclavage et de son infamie... Ces marques qui, si je les détruis, si elles disparaissent, diminueront son emprise sur moi. Et alors... à ce moment-là... 

    -Ah oui, je lui dis sur le ton de la conversation, et toi, tu t'appelles comment ? 

    -Riley. 

    Au bout d'un temps, elle commence à frisonner et c'est alors que je remarque qu'elle n'est vêtue que d'une chemise de nuit blanche qui semble venir d'une autre époque. Le col haut, les dentelles aux poignets, le vêtement, ample, presque trop ample, lui tombe jusqu'au pieds. Pourtant, le tissu est très léger... elle est boueuse et tachée de sang et de terre. Une ballerine à un seul pied, l'autre nu et rouge, poisseux de sang. Je lui donne l'autre chaussure, ne sachant que faire, et elle me sourit d'un air triste. 

    Elle l'enfile avec une grimace de douleur, en me demandant s'il ne serait pas temps que l'on rentre. 

    Non. En se demandant s'il n'est pas temps que l'on rentre. 

    Pendant tout ce temps, la connexion est restée entre nous deux... entre nos deux esprits. Je me relève de façon bancale, mes ailes pendant lamentablement dans mon dos commencent déjà à se résorber, l'encre à refluer... 

    Il est temps de rejoindre la réalité, de sortir de ce lieu hors du temps. 

    Je dégaine de nouveau le couteau rituel, regarde un instant les gemmes serties dans la poignée chatoyer -et rouvre le portail vers la réalité. La nuit, chaude et étouffante, projette son air vicié dans mon monde. Dans l'Ombré. Je prends Riley par la main et nous sortons... 

      

    Riley 

    Je me réveille ce matin dans ma chambre, j'ai l'impression d'avoir rêvé... jusqu'à ce que je découvre les taches de boue sur ma chemise de nuit, les pansements et les estafilades qui couvrent mon pied droit, ma ballerine en toile grise imbibée de sang. Comment je vais expliquer ça à mes parents ? 

    Hors de question de leur parler d'Andrew ou de l'Ombré... 

    Je jette ma chemise sur le côté, derrière le lit que j'occupe, envoie la ballerine à conviction la rejoindre d'un coup de pied, m'enveloppe dans une serviette et file sous la douche. L'eau chaude me calme. 

    Comment je vais expliquer à mes parents que... ? 

    Mais ce n'est pas le plus important. Je dirais même que c'est minime. Je suis sortie, j'ai glissé et je suis tombée, voilà tout, même si ce n'est pas crédible. Non, surtout, surtout, est-ce que je peux aider Andrew à se défaire des griffes de sa tortionnaire ? Durant tout le temps où nos esprits étaient liés, j'ai pu sentir sa souffrance, voir ce qu'elle lui faisait subir. J'en frémis encore, frissonne sous le jet d'eau pourtant brûlant... Et ces tatouages, ces tatouages qui brillaient comme du feu dans son esprit... 

    Comment est-ce que je peux l'aider ? 

    J'ouvre soudain les yeux. Est-ce que je peux seulement l'aider ? 

    ... 

    Je souhaite vraiment bonne chance à celui ou celle qui prendra la suite de l'histoire ce n'est pas facile.

    Le nominé est ... Roulement de tambours.....  Hi-Bout-Chouette !

    Tu as donc un mois pour écrire la suite de la longueur que tu souhaites!

     


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  • Riley

    Expliquer à mes parents ce qu’il s’était passé ce soir-là a été un poil plus compliqué que prévu. En fait, je ne sais pas mentir.

    Mes parents savent que je ne sais pas mentir.

    Je le sais, qu’ils savent que je sais que je ne sais pas mentir.

    Et ils savent que je sais qu’il s’avent que…

    Ouch, ma tête ! Riley c’est toi qui a des pensées si… profondes dès le matin ?

    Cette voix… Je la connais…

    Moi aussi, c’est la mienne !

    Andrew ?!

    Dans le mile, beauté ! Tu devrais apprendre à camoufler tes pensées, c’est particulièrement embêtant pour moi, râla la voix. Pas que ça m’embête de savoir exactement ce que tu penses de moi et quel a été ton premier copain, mais bon… J’arrête la communication, d’accord ?

    Attend !

    Voyez-vous, je n’avais jamais usé de télépathie envers qui que ce soit, même si l’idée m’était souvent venue à l’esprit et que j’avais réussi à persuader certains de mes camarades d’enfance que je parlais avec des plantes alors que j’étais petite. Ce qui était faux, bien entendu. Du coup, j’imaginais souvent un « Bip » ou un quelconque signal annonçant la fin de la discussion mentale, quand ce genre d’interrogations me venaient à l’esprit. Même une petite douleur. En fait, j’imaginais surtout une grosse douleur. Nan, les petites douleurs, c’est pour les noobs. Et bien là… Il n’y avait rien. Pas de douleur, pas de « Bip » et aucune plante à proximité.

    J’aurai espéré que le jeune et beau garçon…

    Je t’entends !

    Ta gueule ! Bref, j’aurai espéré que la communication dure un peu plus longtemps. J’avais tellement de questions à lui poser ! Des questions sur l’Ombrée, sur lui, ses tatouages, sa sœur. Je ne sais pas s’il m’écoute encore. En fait, c’est plutôt stressant. J’ai lu quelque part que si un humain se forçait à faire le vide dans son esprit un certain temps, alors toutes les pensées qu’il aurait dû avoir à ce moment-là viendraient toutes en même temps au moment où il s’autoriserait à penser à nouveau. Et que ça pouvait rendre fou. Je ne sais pas si c’est vrai, mais je préfère ne pas tenter l’expérience en bloquant mes pensées à Andrew.

    Pour en revenir à ce que je disais toute à l’heure, convaincre mes parents qu’il ne s’était rien passé a été une épreuve particulièrement difficile, dans le sens où je ne sais pas mentir.

    Du tout.

    J’étais en train d’essayer de les convaincre que personne ne m’avait attaqué, ce qui était vrai, dans un sens, quand notre chien, un vieux bouledogue paresseux, était rentré dans la maison, de la boue sur les pattes. Mes parents avaient fait le rapprochement et étaient désormais persuadés que Titouan –oui, mon chien s’appelle Titouan- avait voulu jouer avec moi et qu’il y était allé un peu fort. Le pauvre était privé de pâté pour les cinq prochains jours. Merci, Titouan.

    De rien ! railla un voix dans mon esprit.

    Arrête de me parler comme ça ! Tu me fais sursauter, on va me prendre pour une folle !

    Si c’est ce que désire Madame…

    Andrew ne m’a plus parlé de la journée. J’ignore s’il est en colère contre moi parce que mes mots l’ont touché, ce qui m’étonnerait, ou s’il prend mes paroles au pied de la lettre juste pour m’embêter. Toujours est-il que ce brusque changement d’attitude m’a angoissée.

    Je veux bien être d’accord avec vous sur le fait que cette façon de communiquer ne pouvait pas me toucher tant que ça, mais ce vide me fait souffrir. Un peu comme si un lien venait d’être coupé.

    Je crois d’ailleurs qu’il existe bel et bien. Mon voyage dans l’Ombrée m’a rapproché d’Andrew plus que trois ans de voisinage n’auraient pu le faire. C’est un sentiment indescriptible, qui arrive trop vite d’un point de vue logique et qui me bouleverse complètement.

    Je descendais les marches du perron de la maison, que j’avais atteint dans le but de me rendre au lycée, quand je tournais la tête vers la gauche, et me figeait sur place.

    La maison d’Andrew avait disparu. Tout, les murs, le toit, l’allée qui conduisait jusqu’à la porte de la maison, la petite cabane à oiseaux, que j’avais aperçu la veille, et qui avait retenu mon attention à cause de son jaune criard. Il ne restait que de l’herbe, quelques arbres et un buisson de houx.

    Quand je me déplaçais enfin, au prix d’un énorme effort, pour aller dans la rue et faire face à ce qui restait de l’endroit où habitait le jeune homme, je ne pus retenir un cri d’effroi. Mes habituels rêves me montrant le futur ne m’avaient pas préparée à ça.

    Voyez-vous, nous sommes aujourd’hui le lundi 6 septembre 2015.

    Et je faisais en ce moment même face à un panneau. Un gros panneau.

    Terrain vide

    À vendre depuis le 10/06/2003

     

     Nous confions la suite à Gaellah. Bonne chance et merci à Hi-Bout Chouette


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  • Riley

    « Andrew ? Andrew ? »

    Je tombai à genoux, face au terrain vide. Je n’arrivais pas à en croire mes yeux. Hier à peine, se tenait une énorme maison, aussi grande que la mienne, ainsi que son jardin, son potager et sa cabane à outil… Tout avait disparu, il ne restait que des mauvaises herbes qui poussaient n’importe comment de tous les côtés. Des mauvaises herbes, et ce panneau.

    Terrain vide

    A vendre depuis le 10/06/2003

    J’essayai lentement de me relever, en prenant appui sur le sol. Les jambes flageolantes, je retournai chez moi. Je me dirigeai tout de suite vers le salon où j’avais laissé ma mère en sortant.

    * Maman… ?

    Ma voix tremblait et je me tus aussitôt. Je me raclai la gorge pour essayer de me reprendre.

    * Où sont passés les voisins ?

    * Les voisins ?

    * Oui, tu sais, le jeune homme et sa… sœur ?

    Ma mère releva la tête de son ouvrage et mit ses lunettes sur la tête pour pouvoir m’observer. Cela faisait des années qu’elle avait décidé de travailler à la maison. C’était une couturière hors pair qui n’avait des clients seulement grâce au bouche à oreille.

    Ma mère fronça les sourcils, je devais avoir un air totalement bouleversé.

    * Qu’est-ce que tu racontes ? fit-elle doucement, comme si elle ne voulait pas me brusquer.

    Quand ça me frappa. Elle n’avait aucune idée de qui je pouvais bien parler. C’était nos voisins, mais elle ne se souvenait pas d’eux.

    Je fis un pas vers le canapé pour pouvoir me tenir à quelque chose et ne pas m’effondrer. Je me raclai encore une fois la gorge.

    * J’ai vu des gens visiter le terrain en face. Un garçon et sa sœur. Je pensais que tu les avais peut être aperçus.

    Je ne savais pas mentir. Et à la façon dont ma mère me regarder, je voyais bien qu’elle ne me croyait pas. Cependant, elle ne dit rien. Peut-être parce que si elle faisait une remarque, cela signifiait que je n’allais pas bien. Que je devenais complètement malade.

    Parce que c’était de ça qu’on parlait. J’avais imaginé une maison. Un garçon qui se faisait maltraiter par sa grande sœur. Que je pouvais discuter avec lui par télépathie.

    Et puis, l’Ombrée.

    Pourtant, tout avait tellement de détails et Andrew, même une fois métamorphosé avec ses ailes noires semblait si réel.

    Je montai précipitamment dans ma chambre. Je crois que ma mère a essayé de m’arrêter en m’appelant, mais c’est à peine si je m’en apercevais.

    Je me jetai sur mon lit et lançai un dernière appelle mentale à Andrew. A ce garçon imaginaire. Je ne pus m’empêcher de pense que ce serait en vain.

    Andrew

    « Andrew ! Andrew ! »

    Je me figeai entendant une voix crier mon prénom. Je regardai au dehors, mais non, c’était bien dans ma tête que ça avait résonné.

    * Qu’est-ce qu’il y a ? s’exclama Elena, ‘‘ma sœur’’. C’est cette fille ? Elle te parle encore ?

    * Non ! Non ! Ce n’est pas elle ! répliquai-je aussitôt. Comment ça pourrait être possible vu que tu lui as fait je ne sais quoi dans le cerveau pour que justement, ça devienne impossible ?

    Elle me jeta un regard septique avant de tourner ses yeux sur la route. On était parti ce matin même. Bien sûr, Elena m’avait forcé, parce que moi, je voulais rester.

    Je ne sais pas comment elle a fait, mais elle était au courant pour Riley et son passage dans l’Ombrée. Elle savait que je l’avais emmenée avec moi et qu’un lien s’était créé entre nous.

    Et elle avait réussi à briser cela.

    Encore une fois, je ne sais pas vraiment comment parce que je n’ai pas les mêmes capacités qu’elle. Elena peut manipuler l’esprit des gens pour leur faire croire et voir certaines choses. C’était ce qu’elle avait avec Riley et sa famille. C’est ce qu’elle avait fait avec toutes les personnes de la ville qui auraient été susceptibles de nous apercevoir.

    Elena leur avait fait oublier notre existence et fait disparaître notre maison.

    Cependant, elle avait une autre emprise sur moi : elle pouvait me faire faire tout ce qu’elle voulait. Ainsi, je m’étais retrouvé à remplir la voiture de tous nos cartons contre mon grès.

    On avait quitté la ville et personne ne s’en apercevrait.

    Personnellement, ça ne m’aurait pas gêné si elle avait fait sa crise quelques jours plutôt. Sauf que depuis j’avais rencontré Riley. En fait, c’était bête de penser ça parce que je savais très bien que c’était à cause d’elle qu’Elena avait voulu partir.

    Parce que Riley connaissait mon secret. Car elle avait découvert l’Ombrée.

    C’est simple : Elena avait pris peur. Et je lui en voulais.

    Elle pouvait peut être me faire faire n’importe quoi, je pouvais toujours me plaindre. Et alors qu’elle démarrait la voiture, j’avais commencé à m’énerver contre elle.

    J’étais encore en train de parler lorsque j’avais entendu Riley crier mon prénom, me coupant dans ma phrase.

    Mais pourtant, c’était impossible. Elena avait tout fait pour que ça ne se reproduise plus.

    J’entendais des voix, c’était la seule explication. En quelques heures, je m’étais tellement habitué à l’avoir dans ma tête que je m’imaginais qu’elle m’appelait encore. Je devenais fou.

    * C’est bon ? Tu n’as plus rien à dire ? reprit Elena.

    J’étais tellement secoué par ce qu’il venait d’arriver que j’en avais perdu toute ma colère. Cependant, j’avais une fierté et je ne voulais pas abandonner aussi facilement.

    C’est Riley qui me sauva.

    « Andrew ? Andrew, s’il-te-plait, réponds-moi. »

    Après ce deuxième appelle, je n’avais plus de doute.

    * Si, répondis-je à Elena, je veux aller aux toilettes.

    * Tu te moques de moi, là ?

    * Nan, c’est sérieux. Arrêtes-toi dans une station-service, faut que j’aille aux toilettes.

    * Tu peux pas faire ça sur le bas-côté ?

    * Avec toi pour me regarder ?

    * Qu’est-ce que tu crois que je vais te faire ? Je suis ta ‘‘sœur’’ tout de même !

    Elle avait ponctué cette dernière phrase d’un sourire qui me fit froid dans le dos.

    * Je veux aller aux toilettes dans une station-service, répète-je.

    Elle soupira :

    * Mais c’est juste pour que t’arrêtes de me faire chier.

    Je me tournai vers ma fenêtre pour pouvoir sourire sans qu’elle ne me voit. On roula un long moment en silence avant de trouver une station-service. La route avait été plutôt déserte tout ce temps-là.

    * Je te laisse y aller, déclara Elena une fois qu’on fut devant, mais fais vite.

    Elle ne me faisait pas confiance. C’est juste qu’elle pouvait m’obliger à revenir.

    Je me dépêchai de sortir de la voiture avant qu’elle ne change d’avis. Le gars qui tenait la station m’indiqua tout de suite la bonne porte et je m’enfermai à l’intérieur. Puis je baissai le battant de la cuvette et m’assis dessus.

    Je me préparai alors à parler à Riley. Je ne voulais pas le faire devant Elena car elle aurait tout de suite comprit que le lien n’avait pas été rompu.

    « Riley ? Tu m’entends ? Réponds-moi.

    « Oh mon Dieu ! Andrew ! Alors tu n’es pas un rêve ! »

    J’eu un rire charmeur qu’elle ne put entendre.

    « Eh non ! J’existe belle et bien !

    « Andrew, tu ne vas jamais croire ce qui m’est arrivé ! »

    Elle ne me laissa pas le temps de lancer quelques suppositions.

    « T’as maison a disparu et mes parents ont oublié jusqu’à ton existence ! J’ai cru que je devenais folle.

    « Moi aussi. »

    J’ai cru que je ne pourrais plus jamais te revoir ce qui m’a déchiré le cœur et puis j’ai cru devenir fou en entendant ta voix de partout.

    Je me demandai si on pouvait percevoir les sentiments de l’autre à travers une discussion télépathique. Je me souvenais alors que je saisissais très bien la panique et le soulagement dans les propos de Riley tandis que je reprenais contacte avec elle. Cette dernière arrêta le cours de mes pensées en me demandant :

    « Andrew, ou es-tu ?

    « Ma… sœur et moi avons quitté la ville.

    « Pour aller où ?

    « Je ne sais pas encore. »

    Quelqu’un tapa alors sur la porte des WC en me faisant sursauter : j’étais trop pris dans la conversation mentale.

    * Andrew ? C’est Elena. Qu’est-ce que tu fais ? Je t’avais dit de faire vite !

    * Je sors.

    « Désolé Riley, il faut que j’y aille. Je ne peux pas te parler devant ma sœur, elle se rendra compte que notre connexion est toujours présente. »

    En même temps que j’expliquais tout cela à Riley, j’avais lentement relevé le battant pour ne pas faire de bruit et tirer la chasse d’eau.

    « D’accord, Andrew. »

    Je déverrouillai loquet et mis une main sur la poignée.

    « Et Andrew ?

    « Mm ?

    « Promets-moi d’être prudent. »

    J’ouvris la porte en découvrant Elena sur le seuil. Elle avait les poings posés sur ses hanches et affichait un air sévère.

    Je déglutis.

    « Bip. »

    Félicitation pour ce chapitre ! L'histoire avance bien ! Le prochain chapitre sera pour Estello !  Bonne chance.

    Je tiens à présenter mes plus plates condoléances aux familles des victimes des récents attentats de Paris !  Nous resterons debout sans jamais avoir peur ! 


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  • Riley

    La nuit a fini par tomber plus rapidement que je le pensais, sans que je n’ai de nouvelles d’Andrew depuis notre brève conversation télépathique. Je ne pouvais pas m’empêcher de m’inquiéter, si bien que je n’ai presque rien mangé au diner. Mes parents m’ont regardé étrangement, surtout ma mère depuis ma crise de nerf, mais j’ai préféré les ignorer. Ils ne pourraient pas comprendre, ils me prendraient pour une folle, et je n’étais pas certaine de saisir moi-même ce qu’il se passait. Je le connaissais à peine, cet étrange garçon avec ses cheveux aussi sombres qu’un espace sans lumière et ses yeux aussi flamboyants que des flammes ardentes, et pourtant, un lien indescriptible semblaient nous relier. J’ignorais ce qui me faisait le plus peur : ce fil invisible entre nous deux, cet étrange Ombré ou sa sœur qui ne l’était pas vraiment. Pourquoi m’inquiétais-je tant alors que je ne savais strictement rien de lui ? Pourquoi tout me semblait à la fois si étrange, mais paradoxalement si normal ?

    Mes idées étaient embrouillées, même ma douche bien chaude du soir ne put rien faire contre cela. Mes doigts s’entrelacèrent entre mes cheveux châtains humides pour les ramener vers l’arrière, tandis que j’observai mon reflet dans le miroir de la salle de bain. J’étais la fille la plus banale du monde, qui menait l’existence la plus tranquille qui soit. Lorsque je fixais mon image, je ne voyais qu’une personne qui se fondait parfaitement dans la masse. Je n’avais rien qui me distinguait des autres, à part peut-être une tâche de naissance au creux de mon cou dont je faisais tout pour la dissimuler derrière du fond de teint, un foulard ou une écharpe. J’avais l’impression d’avoir en permanence un suçon et cela me gênait, même si cela était stupide. Je passai légèrement ma main dessus, et je soupirai. Mon seul signe distinctif était hideux.

    Après m’être rapidement séchés les cheveux, j’enfilais un débardeur noir et un pantalon de pyjama bleu à carreaux, avant de me faufiler sous ma couette. Me repliant dans une position fœtale pour m’enrouler au mieux dedans, je tentais de lancer un regard au travers des rideaux qui couvraient ma fenêtre. Je voulais apercevoir les étoiles, mais la chose était difficile à cause des lumières de la ville. J’aimais observer ces astres, me rappelant l’immensité de l’univers. Alors que d’autres trouvaient cela effrayant de se sentir aussi minuscule, moi, cela m’apaisait. Pour moi, cette grandiose inconnue était un objet de fascination et un monde de tous les possibles. Personne n’avait encore pu percer tous ses mystères, et c’était plus passionnant qu’un polar. J’étais une amoureuse des mystères, et c’était sans doute pour cela qu’Andrew m’attirait tellement. A lui tout seul, il était comme l’univers.

    Est-ce qu’il pensait à moi ? Est-ce qu’il se demandait comment j’allais, comme moi qui me posais des questions à son sujet ? Je l’ignorais, mais j’aimerai bien. Cela signifierait que j’occuperais une petite place dans ses pensées, et cela me réconforterait. Peut-être chercherait-

    il à me revoir, à saisir l’opportunité que sa sœur n’ait pas réussi à détruire notre étrange connexion pour se rapprocher de moi. Je ricanais alors toute seule dans mon lit, réalisant que j’étais réellement une fille plus que banale, espérant naïvement avoir attiré l’attention du garçon sur lequel elle a instantanément flashé. Moi qui me moquais allégrement ce genre de filles au lycée, j’ignorais si je devais dorénavant rire ou pleurer. Finalement, je fermais les yeux, et je me plongeais dans mes songes, priant secrètement être attirée dans l’Ombré pour retrouver cela qui paraissait être une évidence.

    Une jeune femme entra dans ce qui semblait être un palais. Entourée de sa dame de compagnie et de sa mère, elle savait qu’elle ne pourrait échapper à leur attentive surveillance. Cachant son agacement, elle se concentra sur son avancée dans les couloirs jusqu’à la salle de réception, ainsi que sur sa respiration rendue difficile par un corset bien trop serré mais qui mettait sa taille et sa poitrine généreuse en valeur. Sa robe était imposante, mais ses tons bleutés et ses détails dorés autour du décolleté et des hanches sublimaient son teint et son corps. Des boucles brunes encadraient parfaitement son visage fin, et ses yeux noisette pourraient envoûter n’importe qui sans le moindre effort. Sans le moindre doute possible, elle serait certainement la plus belle femme de la soirée. Cela n’était pas pour lui déplaire, si seulement elle ne serait pas si surveillée.

    En haut des marches qui menaient vers l’immense salle de bal où étaient déjà réuni une multitude d’invités de haut rang et vêtus de leur plus beaux habits de fête, un homme annonça leur arrivé. Il parla d’abord de sa mère, puis d’elle et enfin de sa dame de compagnie. Elles descendirent ensuite les escaliers sans oublier de faire une élégante révérence comme l’exigeait l’étiquette. Tous les regards étaient sur elles, et elles se devaient de s’en montrer dignes. Avoir l’air aimable était primordiale, surtout en sachant que sa mère souhait profiter de cette occasion exceptionnelle pour lui trouver un bon parti, sans lui demander son avis. Elle essayait de ne pas y penser, d’oublier qu’elle ne partageait absolument pas ses aspirations. Mais elle savait pertinemment que, peu importe son avis, sa mère voulait juste profiter de la beauté exceptionnelle de sa fille pour augmenter son statut social. Soit, elle fera bien ce qu’il lui plaira.

    Ce qui ne l’empêcha pas de lui fausser compagnie à la première occasion, pour s’éloigner d’elle et déambuler au milieu d’autres invités, loin de sa génitrice et de sa dame de compagnie.

    -Mademoiselle. L’interpella galamment une voix sauve et masculine.

    La jeune femme se retourna alors, et découvrit devant un homme à peine plus âgé qu’elle et assurément charmant. Il était grand, plus grand qu’elle, ses cheveux aile-de-corbeau étaient parfaitement coiffés en arrière, ses yeux intensément mordoré étaient étincelant de malice et il était impeccablement habillé. Tous les regards étaient tournés vers lui, montrant bien l’importance qu’il possédait dans l’assistance. Mais son regard n’était dirigé que vers la jeune femme, qui s’inclina devant lui sans cacher un léger sourire.

    -Me feriez-vous l’honneur de m’accorder cette première danse ? L’interrogea-t-il sur le même ton tout en s’approchant d’elle comme s’il connaissait déjà la réponse.

    Elle lui sourit et accepta. Tandis qu’il passa sa main droite derrière la taille de la demoiselle, cette dernière osa un regard en direction de sa mère qui la scrutait avec méfiance. Puis, ses yeux noisette se plongèrent dans le regard de braise de son cavalier, et elle se laissa guider par cet homme qui l’attirait comme un aimant. Il l’entraina dans une danse, suivant le rythme de la musique joué par l’orchestre, et ils virevoltèrent rapidement au milieu des prestigieux invités qui ne ratèrent pas une seconde de cette étrange rencontre. Mais les deux danseurs les ignorèrent, emportés dans une bulle musicale où ils n’étaient plus que deux. Se perdant dans le regard de l’autre, leurs gestes, leurs pas, se suivirent dans une parfaite osmose comme s’ils avaient répété pendant des heures. Le temps s’était suspendu, et des liens invisibles se tissaient doucement, sûrement, entre eux. La musique s’arrêta, la danse aussi. Les deux partenaires s’éloignèrent, s’inclinèrent devant l’autre. Les observateurs applaudirent, avant que d’autres couples viennent se joindre à eux pour entamer une nouvelle danse, non sans quelques murmures commentant la scène incroyablement magique qui s’était déroulée devant leurs yeux ébahis. Ils reprirent une nouvelle danse, se laissant allégrement bercer par la mélodie, se perdant dans le regard de l’autre. Tout n’était qu’évidence et tous deux oublièrent les projets prévus déjà pour eux. Profitant de la fête et de la foule de danseurs, le jeune homme s’empara délicatement de la main de sa partenaire pour l’inviter à s’éclipser de la salle en toute discrétion, accédant ainsi aux jardins du palais, pour une tranquille balade nocturne. Les minutes passèrent, sans qu’aucun mot ne soit prononcé entre eux, comme s’ils n’avaient pas leur place, perdant toute utilité et signification. Le silence de la nuit leur était suffisant.

    -Je suis obligé de remarquer que votre chaperon est d’une efficacité à toute épreuve. Murmura soudainement le jeune homme après avoir risqué un regard en arrière pour constater qu’ils étaient suivis.

    -Nous ne pouvons lui en vouloir, Messire. Elle ne cherche qu’à s’assurer que vous ne portiez pas atteinte à ma vertu. Souffla-t-elle, non sans laisser échapper un léger sourire amusé.

    -Loin de moi cette idée. Mon respect envers vous est bien trop grand pour que je ne songe seulement à vous déshonorer.

    -Voilà qui est bien honorable, cher Prince. Lui répondit-elle sans perdre son sourire, admirant la vue sur la mer au détour d’une allée fleurie.

    Le Prince se tourna subitement vers la jeune femme, profitant du clair de lune pour admirer son doux visage. Il en caressa délicatement les contours du bout des doigts, flirtant non sans malice avec la décence, avant de s’arrêter sur une tâche rosée au creux de son cou.

    -Je constate que vous avez encore une fois omis de dissimuler votre marque de naissance, Mademoiselle.

    -Madame ma mère ne cesse les supplications pour que je la dissimule. Mais il ne s’agit que d’une chose vaine. Contrairement à ce qu’elle s’évertue à penser, je considère qu’il s’agit avant tout d’un atout plein de charmes.

    -Je ne pourrai vous contredire, Mademoiselle de Moonwick. Il serait fort regrettable de la dissimuler. Cette marque n’est qu’un appel à l’amour, et ne me donne que l’envie de vous voler un baiser un peu trop audacieux et indécent étant donné nos statuts respectifs.

    Le sourire de la jeune femme ne se fit que plus malicieux, où elle oublia un instant la présence de sa dame de compagnie qui n’allait certainement pas apprécier son audace. S’approchant doucement du Prince qui ne bougea pas d’un iota, figé par la curiosité, elle se mit gracieusement sur la pointe des pieds, les mains derrière son dos, pour lui susurrer au creux de l’oreille :

    -Je consentirais à vous offrir un baiser le jour où vous consentiriez à m’appeler par mon prénom, mon cher Henry.

    Et avant qu’elle n’eut le temps de s’éloigner du jeune homme, sa dame de compagnie déboula tel un diable hors de sa boite, et la pria vigoureusement de bien vouloir retourner dans la salle de bal. Sachant qu’il était inutile d’argumenter avec son interlocutrice, elle ne rechigna pas à lui obéir, suivit docilement par le Prince qui ne pouvait tolérer une seule seconde laisser deux femmes marcher seules dans les jardins. Il ne s’agissait là que d’un prétexte pour continuer un jeu de regards avec l’élue de son cœur, mais personne ne fut dupe, au grand damne de la dame de compagnie qui ne savait plus quoi faire pour gérer sa protégée qui ne cessait de lui filer entre les doigts.

    Une fois à l’intérieur, Henry fut en un clin d’œil suffisamment proche de sa douce pour lui murmurer à son tour :

    -Un jour viendra où vous ne pourrez plus vous passez de moi, Gabrielle.

    A l’entente de ces quelques mots volés à la vigilance de la dame de compagnie, la jeune femme tourna sa tête vers le miroir accroché au mur, découvrant son visage souriant, ainsi que l’expression narquoise de son soupirant.

    Je me réveillai en sursaut, haletante, déboussolée. J’allumai aussitôt ma lampe de chevet et mon regard parcourut chaque recoin de ma chambre encore envahie de cartons de déménagement. Je pris ma tête entre mes mains, essayant de calmer les battements de mon cœur suite à ce rêve aussi étrange qu’il semblait réel. Mes membres tremblaient de nervosité, et je ne parvins bientôt plus à tenir en place. Je fis voler ma couette, pour courir jusqu’à la salle de bain. Dès la lumière allumée, je scrutai fébrilement mon visage, et en particulier ma tâche de naissance. J’ouvris le robinet d’eau froide afin de me rafraichir et me remettre les idées en place. Lorsque mon regard croisa une nouvelle fois mon reflet, mon cœur soumis à la panique, l’évidence me frappa.

    Gabrielle, c’était moi.

    Et Henry… n’était autre que Andrew.

    Félicitation pour ce nouveau chapitre qui nous offre de nouvelles possibilités assez sympathiques. Pour la suite je confie le chapitre 6 à ...Choco-Angel (c'est la dernière ensuite on repasse à quelqu'un qui la déjà fait). Si vous n'êtes pas disponible merci de me le dire en mp.

    Bisous


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